Pour quelles raisons les structures sanitaires et médico-sociales doivent-elles s’intéresser à leur capacité d’adaptation et de résilience ? Comment peuvent-elles agir ?
Retrouvez les réponses à vos questions ici !
SOMMAIRE
- Enjeux : quelques rappels :
- Adaptation, résilience : définitions et distinctions :
- Actions et retours d’expérience
- Ressources
Pour toute question, n’hésitez pas à nous écrire à edd@mapes-pdl.fr.
Dernière mise à jour : 03 janvier 2024
1. Enjeux : quelques rappels :
Depuis la seconde moitié du XXème siècle, la pression des activités humaines sur les écosystèmes est devenue tellement importante qu’elle est devenue la première force de modification de l’interaction des processus physiques, chimiques et biologiques de la planète. Ainsi, une nouvelle époque géologique est née : l’Anthropocène.
Depuis 2023, une équipe de recherche du Stockholm Résilience Center s’est accordé sur le fait que 6 des 9 limites planétaires sont d’ores et déjà dépassées (Richardson et al., 2023).
Or ces multiples impacts des activités humaines ont pour conséquences de dérégler le « système Terre » et donc de causer des dégâts sur les écosystèmes dont nous dépendons. Quelques exemples parlants :
- La perte des insectes pollinisateurs pourrait mettre en péril plus de 75% des cultures alimentaires mondiales (IPBES, 2019)
- Le changement climatique d’origine anthropique est susceptible d’engendrer une baisse de la ressource en eau de 30 à 60% à l’horizon 2100 en Pays de la Loire (GIEC des Pays de la Loire, 2022)
- L’effondrement de la biodiversité et la domestication intensive d’espèces augmente le risque de transmissions d’agents pathogènes voire d’émergence de nouvelles pandémies (IPBES, 2019 ; La Fabrique des Pandémies, 2020).
A savoir également que les activités des structures sanitaires et médico-sociales reposent sur des ressources présentes en quantité limitée sur Terre :
- La production pétrolière totale des principaux fournisseurs de l’Union européenne risque de diminuer de 10 à 20% d’ici 2030 par rapport à l’année 2019 (The Shift Project, 2021) à l’heure où celui-ci représente 27,7% du mix énergétique national (notre-environnement.gouv.fr, 2021)
- Certains éléments naturels nécessaires à la fabrication de matériels médicaux viendront à manquer d’ici la fin du siècle (EuChemS, 2019)
- 70% des médicaments utilisés pour traiter les cancers sont des produis naturels ou des produits de synthèse inspirés par la nature (IPBES, 2019)
Face à ces divers constats, il est urgent que les structures sanitaires et médico-sociales améliorent leur capacité d’adaptation et de résilience sur le territoire pour garantir une qualité de services de soins et d’accompagnement dans les années futures.
Pour en savoir + : Le dérèglement du « système Terre » | Changement climatique
2. Adaptation, résilience : définitions et distinctions :
L’adaptation
La démarche d’adaptation est complémentaire des actions d’atténuation (cf en savoir +). Elle vise à anticiper et « limiter les impacts du changement climatique et les dommages associés sur les activités socio-économiques et sur la nature » (Ministère de la Transition Ecologique, 2023). Il existe diverses approches de l’adaptation :
- Autonome ou spontanée: adaptation en réponse à un aléa climatique vécu ou à ses effets, sans aucune préméditation explicite ou consciente et axée sur la lutte contre le changement climatique
- Incrémentale: mesures d’adaptation ayant pour objectif principal le maintien de la nature et de l’intégrité d’un système ou d’un processus à une échelle donnée
- Transformationnelle : adaptation qui change les éléments fondamentaux d’un système en réponse au climat et à ses effets
- Mal-adaptation: changement opéré dans les systèmes naturels ou humains qui font face au changement climatique et qui conduit (de manière non intentionnelle) à augmenter la vulnérabilité au lieu de la réduire
L’adaptation de nos sociétés aux conséquences actuelles et à venir du changement climatique fait partie des recommandations des scientifiques du GIEC et fait l’objet d’un volet dédié dans le dernier rapport publié en 2022.
La résilience
Le concept de résilience est généralement défini comme « la capacité d’un système à absorber les perturbations et à se réorganiser tout en subissant des changements afin de conserver essentiellement la même fonction, la même structure, l’identité et les rétroactions » (Hosseini et al., 2016 ; Walker et al., 2004). La résilience est ainsi considérée comme un processus dynamique qui évolue dans le temps car susceptible de changer en fonction du développement du système et de l’interaction avec l’environnement (Southwick et al., 2014). La résilience se caractérise par 4 principes fondamentaux (Anderson et al., 2020) :
- L’anticipation: les perturbations ou opportunités dans le futur
- La surveillance: du système ou de l’environnement
- La réponse: absorption, adaptation ou transformation
- L’apprentissage: par l’expérience, collectif ou individuel
A noter : La MAPES, dans sa mission Transformation Ecologique, préfère utiliser le concept de résilience à celui d’adaptation du fait qu’il est plus complet et global.
Dans ses travaux, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait la distinction entre la résilience d’un système de santé et la notion d’établissements de santé résilients. Elle définit également 4 exigences fondamentales permettant de dispenser des soins sûrs et de qualité (OMS, 2020) :
- Personnel de santé: des ressources humaines qualifiées, en effectifs suffisants, avec des conditions de travail décentes, responsabilisées et informées pour répondre à ces enjeux environnementaux
- Eau, assainissement, hygiène et gestion des déchets médicaux: une gestion durable et sûre des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de gestion des déchets des activités de soins
- Energie: des services énergétiques durables
- Infrastructure, technologies et produits: des infrastructures, technologies, produits et processus appropriés, incluant toutes les activités qui permettent à un établissement de santé de fonctionner efficacement
En savoir + : Atténuation des émissions de GES
3. Actions et retours d'expérience
En Pays de la Loire
Dans l’enquête régionale de la MAPES, 54% des structures sanitaires et médico-sociales déclarent connaitre les risques environnementaux auxquels elles sont exposées. Les 5 principaux risques environnementaux auxquels les structures répondantes ont été confrontés sont : les canicules et vagues de chaleur (100%), les vents violents et tempêtes (63%), les maladies émergentes (60%), la sécheresses (46%) et les tensions d’approvisionnement (énergies, matières premières, médicaments & DM et alimentaires).
De plus, 82% des structures considèrent que leur exposition aux risques environnementaux a augmenté (40% fortement et 42% faiblement). Ainsi, 32% d’entre elles seulement estiment avoir une forte capacité d’adaptation contre 68% qui l’estiment faible à très faible.
En savoir + : Diagnostic régional Adaptation & Résilience (à venir) | Diagnostic régional Alimentation (à venir)
Initiatives et RETEX hors-région
- L’Agenda 20330 du CH de Niort
- Stratégie de résilience de la Ville de Paris
- Stratégie de durabilité des Hôpitaux Universitaires de Genève (à 2030)
- (à venir)
4. Ressources :
- 2ème volet du 6ème rapport du GIEC intitulé « Impacts, adaptation et vulnérabilités » (2022)
- Cadre opérationnel de l’OMS pour renforcer la résilience des systèmes de santé face au changement climatique (2015)
- Orientations de l’OMS pour des « Etablissements de santé résiliences face au changement climatique et écologiquement viables » (2020)
- Rapport du Comité 21 « Résilience des territoires, vers une approche intégrée des risques » (2022)
- Guide ADEME « Capacité d’adaptation au changement climatique des entreprises » (2019)
- Guide ADEME « Entreprises, comment prendre des décisions pour s’adapter au changement climatique ? » (2021)
- Rapport de The Shift Project « Vers la résilience des territoires » (2021)
- Rapports des Greniers d’Abondance : « Vers la résilience alimentaire » (2020) et « Qui veille au grain ? » (2022)
- Site internet Résilienceterritoriale.org
